
Hauteur de l’hiver
I
À la hauteur du fleuve gelé
demeureront ces larmes roides
nous pourrons enfin couper les branches nues
où les feuilles ont entraîné l’automne.
Des mouettes se dessineront telles des vagues sur la neige
ailes gelées
aussi
sur la limite de l’écume
II
Les oiseaux cesseront de chanter
quand ils seront inondés de pluies
Loin du ciel
On ne pensait pas trouver tant de fleurs en creusant le puits
ni jouer avec les senteurs d’herbes lointaines
transformées en rebuts
et en jardins aquatiques que nous ne pourrons voir
quasi cimetières
quasi rouges quasi roses
dans des flaques vidées de temps
Sur une carte immergée
Invisibles sur la carte d’eau
se sont dessinées les traces d’un visage
Au fond d’un tourbillon
on peut lire presqu’un conseil
ou le complexe des yeux de poissons
Tu parcours les pieds froids cet autre fleuve
que tu pourras seulement dessiner
comme des traces d’eau sur le mur
avant que ne sèche
un pinceau invisible
Trois lettres
Trop de bras trop de lits tiennent dans trois fleuves
on n’entend pas le bruit de l’eau
quand la musique forte
atteint le bord
l’ultime note ne se chante pas
Extraits de Escrito sobre el agua, Santiago de Chile, Cástor y Pólux, 2018.