
Je suis assise dans le rêve sur le sofa entre mon amour et son père
On regarde la télévision, un vieux film, La Créature du lac, quelque chose dans ce goût-là
Vieux film de terreur en 3D que mon amour voyait avec son père quand il était petit
Et qu'il craignait son père
Le vieux me reluque, ne dit rien, à un moment donné il ouvre son pantalon
Mon amour presse ma main, il supplie
Alors je me baisse
Tous deux continuent de voir le film impassibles
Je me lève pour aller me repoudrer
Je me rassoie et remets les lunettes de carton blanc, un filtre rouge, un filtre bleu
Personne ne dit rien, le film est beau mais ne fait pas peur
Le vieux dit à mon amour tu as de la chance avec ta femme, elle est douce, très correcte, gentille
Le film touche à sa fin
Le vieux ouvre son pantalon, impassible, naturellement il cherche ma main
Cette fois je dis non, mon amour me supplie, je dis non
Le vieux est embarrassé avec sa chose en l'air, il dit comment faire pour ranger toute la marchandise dans cet état
Mais je dis non
Au réveil je regarde dormir mon amour, c'est dimanche matin, il est tard
J'ai la nausée à cause du rêve, un peu les larmes aussi
Quand au repas de midi je raconte, mon amour dit qu'il me reconnaît bien là, toujours à se laisser faire, voilà à quoi mènent ta foutue sensiblerie et tes idées de gauche
Mon amour est de centre-droit, il dit qu'il faut se défendre, ça lui est venu avec la vie, avec le travail, les enfants, la voiture, le crédit sur la maison, tout ce qu'on a
C'est un dimanche où on s'ennuie, comme pas mal de nos dimanches, les enfants sont en colonie mais on ne décide rien, pas de sortie, la télé, le café, la sieste, Internet
Quand dans l'après-midi il veut que je me baisse, je dis non
Comme il fait la gueule et insiste, je finis par céder
Quand je le sens qui se crispe en tremblant, je me relève et lui crache son truc au visage
Je lui dis tiens, de la part de ton père, et de la gauche
Évidemment après il y a des cris