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Cajta de cartón
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Kadiri Vaquer

Traduction : Grégory Noirot.

 

 

À force de lutter contre la gravité

je ne sais pas si je pourrai revenir à la surface.

 

Les jours se remplissent de nœuds

comme mes cheveux au petit matin

quand je me serre

contre les épaules endormies

de l'amour

 

et la violence du temps réclame

de partager le manteau en parts inégales

et de répéter les adieux.

 

 

Face à la machine
la vitesse de l'aiguille marque

 

                 dedans      dehors

on invente

                  chaque point
                  un précipice

où apparaissent

                    des visages réduits

ils parcourent la ligne de séparation.

                           ça s'assombrit.

 

Sur le balcon
la petite fille surveille

 

les paupières agitées des fleurs.

Alejandro Medina

Traduction : Anne-Claire Saby.

 

 

CERNÉ PAR LA NUIT

 

Tout en noir tourne et me retourne,
tourne la masse épaisse de la nuit
où il ne reste plus rien à maudire
pour que tonne la foudre de toutes parts,
plus d’humide supplice, mais de la pluie
seule et salutaire elle lubrifie, et rugit

le son guttural du courant
qui entrelace les songes et les feuilles

en un tourbillon édifiant et frais
qui réveille en moi la raillerie d'un parfum
délégant à chaque goutte un nouvel arbre,
dès lors plus brisé, juste du gel donnant son jus,
froid dans la chaleur rafraichissante,
tout ce filet, une aubade, à l’aube

une colombe en aparté qui fait la cour
sur une toile noire et froide
à mes côtés, à nouveau, elle m’entoure
couronnée de lumière par des cocuyos[1]
délicatement, tissant un futur vert

comme un fruit fruitier fructifié
enjambé et élancé
ou délicat nid de serpent,

boa énorme et massif pour moi, d’un rite nouveau,
si tinte de plus belle, la cascabelle,
et je dépose le fil de fer que je sauve

des débris de vie qui grandissent en moi

qui me tiens sur la colline comme un arbre.  

 

[1] Pyrophores, insectes lumineux (Amériques centrale et du Sud) qui luisent la nuit de façon plus vive/intense que les vers luisants.

Marta Jazmín García

Traduction : Bérangère Pétrault.

 

 

EN SUSPENS

 

Il y a une certaine gradation

dans les regrets.

Comme un corps

qui est plus lourd qu'un autre

ou une absence plus vide.

 

On parle même

de dates précises :

la naissance

la densité

la déchéance

la mort prématurée.

 

La mémoire est une proximité

en suspens, qui sourit

de ses tristes rayonnages.

 

Nous ne connaissons pas le poids de la douleur

jusqu'à ce qu'un jour

elle ne pèse plus.

 

 

VERSION APOCRYPHE

 

Quelques mots, comme la mer

cachent dans leur ventre des baleines

et des routes insondables.

 

Si profondément,

qu'ils cessent de résonner

et de s'écrire.

 

Entre la lumière et les couleurs,

ils préfèrent se rassembler

au milieu de bancs de poissons.

 

Se produire eux-mêmes,

impossibles

au fond.

 

Il est nécessaire d'émigrer.

Cesser d'exister

de temps en temps.

Rencontrer la vie

partout.

Francisco Félix

Traduction : Hortense Djomeda.

 

 

Empaqueter l’espérance avant le vol.

S’attacher l’étreinte à la ceinture.

Prendre à moitié congé d’un miroir.

Abandonner sa patrie.

Et dépaqueter sur un autre sol.

C’est cela le voyage.

 

Le bruit des avions

me rappelle que les étreintes

se brisent contre les départs et les retours.

 

 

Avoir du chagrin est habituel

quand revenir n’est jamais sûr.

Je pense que nous ne quitterons jamais Porto Rico,

même si les terres nous séparent,

nous emportons dans nos valises des étreintes, de l’eau de fleur d’oranger ;

une prière que maman

a dite avant de passer la Douane.

 

On attache sa ceinture,

convaincu que l’on reviendra toujours.

Nadya Echevarría

Traduction : David Lopez.

 

À DESSEIN :

avec les jouissances de la résurrection

 

à volonté

et assiégé

mon jugement réservé

déploie des charges de lumière

je débarque mon propre rival

l’état de siège, sur quelques trottoirs ;

des colonnes de feu hissent le drapeau blanc

à volonté, ils démobilisent  et assiègent

tantum ergo

fuseler l’infini entre des sourcils       

aiguise l’angle épineux qui se brise

matines, ton heure canoniale

prière pour les esprits troublants

cloches de l’aurore

temps sidéraux

salut, gloire, pouvoir et bénédiction

ce qui vient de l’un et des deux    

honneur lui soit rendu

ainsi soit-il

 

 

CORRIDOR DYSTOPIQUE

J’ai vu

comment ils ont pendu

cette femme

en public,

sur youtube,

dans ce monde.

Ici

j’ai compris

quand sur le sol

son corps ne bougeait plus

cette femme,

syrienne :

elle aurait pu être moi

ailleurs,

face à une autre caméra.

Horaires d’invasion :

à toute heure

des frais pour chaque transaction

pour tout ce qui doit être proposé.

Je n’ai pas besoin d’avoir été violée

selon les lois standardisées de ma

juridiction :

Je suis autorisée à être utilisée

servir totalement

et me taire quand je le dois.

POÈMES DE

TRADUCTION DE

SÉLECTION DE

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