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Cajta de cartón
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C’est quand même pas compliqué, il faut tout arrêter, stop tout le monde arrêtez de vous y croire, on arrête tout c’est quand même pas compliqué, on arrête, tout, j’ai des bouquins pour prouver que le travail c’est de la merde, d’autres qui prouvent un par un que le reste des trucs humains c’est de la merde aussi, c’est pas compliqué faut tout arrêter, vivre peinards, souffrir peinards, il y en aura pour tout le monde, tout le monde peinard tout le monde souffrant tout le monde content, vraiment c’est pas compliqué, c’est le parti du suicidaire général, je vais monter un parti politique tiens, suicide biohardcore sympa, ne pas avoir peur de mourir, d’avoir froid, d’avoir faim blablabla, de vivre en somme, haha, c’est pas compliqué de supporter la souffrance, il suffit de ne pas la supporter mais de la vouloir, il faut la vouloir dans la mesure où c’est une drogue, la bonne drogue évidente du parti politique de l’arrêt de l’humain, allez hop tout le monde par terre, personne debout, c’est quoi cette manie à la con de toujours se tenir en équilibre, prouver au monde en permanence que la gravité il y a moyen de jouer avec, ouais ok c’est bon on avait compris, mais mon dieu comme notre monde est laid, nos maisons nos bagnoles nos vêtements, je suis assis dans un train, il est laid, le type à côté de moi écrit son CV sur son Mac, allez les Macs sont un peu beaux j’avoue, haha, il écrit qu’il a fait un master en comptabilité et un stage dans une entreprise qui invente de nouveaux pesticides pour le secteur de l’agriculture, sur la vie de ma mère que c’est vrai, de l’autre côté il y a une jeune fille qui téléphone à son papa pour lui dire « Surprise je viens te voir mon petit papa ! » avec une voix super érotique, bon ben je vais commencer ma campagne politique maintenant, je sens que le réel va me péter à la gueule, commençons par respirer, dégager de bonnes ondes, les bonnes ondes de la destruction générale des prétentions générales, cool ça marche mon voisin lorgne sur mon texte, je vais l’hypnotiser avec mon écriture, c’est politique, de l’autre côté la fille s’endort sur l’épaule de sa copine, c’est hyper beau, langoureux et tout mais ce serait tellement plus sexy dans les ruines du monde, elles mettraient 3 semaines à faire Paris – Bruxelles à pied ce serait dangereusement plus intense, moi je ferais bien le trajet à cheval parce que j’aime bien les chevaux, surtout les chevaux anarchistes qui ne veulent pas obéir, je vous jure que le jour où mon parti politique gagnera toutes les élections du monde on vivra tous comme des princes, des princesses, des impératrices, tou.t.e.s ministres, salut t’es ministre de quoi toi aujourd’hui ? Moi ? Ministre des transports, je prends ma canne et mon chapeau et je me casse, bonjour monsieur le ministre de la souffrance, vous n’avez pas trop chaud ? Oui non ça va je me tire une balle dans le pied, oops ce texte n’est pas très réjouissant à première vue mais en fait si, à bien y réfléchir il est la solution à tous nos problèmes, lesquels voyez-vous sont des problèmes à la con, j’ai la solution à tous vos problèmes dans mon parti politique, c’est d’arrêter de croire en ces problèmes, arrêtez de croire au monde et en retour le monde arrêtera de croire en vous, mon parti n’est même pas nihiliste, il n’a pas le temps d’être nihiliste car il ne croit pas au temps, il dit « Le temps ? Un truc de frimeurs » et il se casse, les ministres du temps pissent par terre en traçant leur nom, même les filles et les vieilles femmes, enfin si elles le souhaitent n’est-ce pas, c’est une sorte d’allégorie, non une métonymie, il se passe un truc, certains hurlent c’est pas poli, ils râlent un peu puis s’en foutent, leur attention est par exemple détournée par une saloperie de rage des dents, que faire ? Ben rien, rien est toujours-déjà la solution générale, le médicament général, je suis dans le train, je gueule « Médicament général ! Médicament général ! » tout mon corps hurle mais en silence, dans le grand silence blanc et chaud du fond du monde mon corps hurle la solution à tous nos problèmes, j’y crois à fond, je crois à fond en la non-croyance, la fille dort, je travaille un tremblement blanc et grand pour ses rêves, euh peut-être, l’autre là explique par écrit qu’il a travaillé dans une banque et qu’il était étonné de la grandeur des locaux, il met ça dans son CV, le contrôleur passe en chantonnant, il se passe un truc là c’est sûr, c’est étrange un grand silence blanc s’installe, tout va bien la révolution gronde, personne ne moufte, un peu plus loin est assis un ministre, il regarde dans le vide il tire la gueule, je lui fais un clin d’œil Check man we are brothers, il s’en branle, tout va bien, je regrette, je regrette notre monde, je regrette l’ombre franche donnée par les maisons, je regrette que les ombres ne soient pas toutes chatoyantes comme en forêt, ça c’est des ombres classes, c’est à ça qu’on aura droit dans le futur que je vous promets chantant-pleurant, chantant-pleurant mais jamais grande gueule, enfin si mais autrement, ouvrir sa grande gueule comme médicament, hier soir j’ai picolé avec deux russes, ça c’est quelque chose, quel pathos dingo, ils ont cassé plein de trucs sans faire exprès bien comme il faut en dansant sur des chansons tristes, quels clowns, il y a eu une crise et tout, la copine de l’un a pété un câble, l’autre s’est endormi à table puis s’est cassé dans la nuit sans ses chaussures dans Paris, j’ai rêvé qu’il sonnait pour revenir mais en fait c’était vrai sauf que je rêvais donc je croyais que c’était une croyance, on devait dormir dans le même lit mais en fait il n’était pas à côté de moi il était en bas occupé à sonner sans ses chaussures le pauvre, je tiens à m’excuser publiquement d’avoir cru que je rêvais, en même temps je suis un peu jaloux de sa belle et touchante maladresse, Pavel si tu m’entends j’ai une dette envers toi, viens à la maison j’ai des super fenouils qui sont mûrs, je suis le ministre des fenouils,

UN TEXTE DE

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