
FRAGMENTS D'UN POÈME DE
Traduction de
1
allons au fond. dans les cellules de mon esprit rôde une parole que je ne peux pas
dire,
qui s’ajuste, au millimètre près,
à une confusion, à une débandade littérale de faucons kobez.
disons que c’est un tremblement interne, une secousse soudaine
parce que rien n’est semblable au nuage sale qui nous éloigne du paradis.
2
à peine une convulsion pour le soufflet du bandonéon,
le monde divisé, découpé comme un insecte
qui ne sait pas très bien d’où il vient
comme le monte-charge qu’on apporte seulement
par une nuit violente, abattue et battue
parce que c’est déjà une habitude de fouir
comme un animal qui saigne et s’avère
inutile en langue vulgaire, pour le dire
clairement : la douleur déblaie et je suis un bonze
aux paupières qui jamais ne se ferment.
3
quelque chose me brûle, je le dirai une fois de plus : les médicaments ne parviennent pas à bloquer la blancheur lumineuse, le ciel en ruines en quoi se change la mémoire.
il y a quelque chose d’imperceptible à se démolir.
il y a quelque chose qui illumine les cellules de l’esprit : la clameur d’une voix sur une plage solitaire et pierreuse.
4
chiens violents
paysages détruits par la mousson
lave qui s’écoule dans les veines les plus minuscules
lumineuses migraines
cieux tapissés de clous et un désert rouge
chiens violents muselés
poissons d’argent, tranquilles dans un étang vide.
parfois la berge est détruite pour ne pas reculer.
5
la première fois :
a) la dépression est un dirigeable
b) la dépression est un acte et une action
c) la dépression est un état sans être
d) la dépression n’existe pas
e) la dépression existe
f) la dépression est un nuage rouge
g) la dépression est fallacieuse, comme un nuage vert
h) la dépression a des nuages verts
i) la dépression est un couteau à dents
j) un couteau à dents est un paysage
Fragments d'un poème du livre ATENAS 317 (2017)