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DEUX POÈMES
MATHILDE NABIAS

L'enfant et le coquillage

 

L'enfant perd ses grands yeux, 

Au loin là-bas il rêve. 

Ses doigts plongent dans le bleu 

Des pensées qui s'achèvent. 

Il enfouit dans le sable les mains 

Qui cherchent et trouvent 

Un coquillage. 

 

Collé à son oreille le voilà qui sourit 

C'est la mer enroulée, il voyage 

Il écoute le vent dans les coquillages. 

 

L'enfant a grandi, 

Ni vent, ni vague, on lui a dit 

C'est le bruit de ton cœur qui frappe à ton oreille.

Alors il n'écoute plus, il pleure le secret 

De la vague prisonnière de son bijou nacré. 

Pourquoi rêver encore si tout provient de lui ? 

Si le monde ne vaut rien ? Si le songe n'est que nuit ? 

 

Mais l'enfant s'est trompé : 

Ce sont les coquillages qui font battre les cœurs. 

 

 

Noix de Berder 

 

2 août 2020

I.

 

Mots tracés sur l’eau claire 

s’étalant en sillons, dilatés, cercles, ronds, 

mots tracés sur l’eau vive qui filent entre les pierres.

J’aime le silence ! crie l’ange à l’eau qui danse 

sous le paravent reprisé de lumière de l’orme et du peuplier noir.

 

Peau à peau minérale

sillons des souvenirs, morceaux de schistes, 

tracé des larmes, chemins, soupirs

sont ceux de l’encre sur ses doigts. 

 

Les jours filent. 

Vent tournoyant, vent silencieux, 

cimes hérissées des crêtes et points flottants des fourmilières

roches étagées, rondeurs des pierres, 

il a des centaines d’accrocs sur sa peau. 

Car il se pique, ronces, rosiers, écorces, il se pique à tous les fuseaux.

J’aime le silence ! crie l’ange 

Mais laisse traîner ses mots 

pour joindre les sillons de tes yeux silencieux.

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Mathilde Nabias. Écrivaine, chercheuse et boulangère. Elle vit à Ménilmontant, mais dès qu’elle le peut s’échappe dans les Cévennes pour écrire. Elle trouve son inspiration dans les espaces en friche, et cherche inlassablement les lieux de résistance à l’uniformisation des imaginaires.

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